Les fréquences graves sont à l’honneur pour ce cinquième épisode ! France Duclairoir et Paul Philibert, deux jeunes contrebassistes et bassistes écumant les scènes de Marseille et des environs, ont profité de l’occasion pour tenter l’exercice audacieux et peu commun de mêler le son de la basse électrique à la contrebasse.
Bonjour France et Paul, pouvez-vous vous présenter un peu ?
France : J’ai commencé la musique à 12 ans avec le ukulélé puis je me suis vite mise à la guitare et j’ai dû forcer ma mère à accepter de m’inscrire au conservatoire pour y entrer en guitare classique à 15ans. Il y a maintenant 6 ans durant l’année de mon CEM de guitare classique j’en avais un peu marre de jouer seule et je me suis mise à la contrebasse un peu par hasard (c’était la salle en face au conservatoire). J’ai commencé en même temps le classique et le jazz. Aujourd’hui je viens de finir mon parcours en classique (DEM) et j’espère valider mon DEM en jazz l’année prochaine pour ensuite me consacrer à mes projets.
Paul : J’ai commencé à apprendre la musique classique avec le violon assez jeune pendant une dizaine d’années au conservatoire, puis m’en suis lassé et réorienté vers la basse électrique au lycée vers mes 17 ans ! J’ai depuis appris à jouer la contrebasse mais la basse reste mon instrument phare. J’ai validé mon DEM cette année (ma deuxième année) au Conservatoire en Jazz, après deux ans à L’IMFP directement sorti du lycée.
Comment vos chemins musicaux se sont-ils croisés ? Comment avez-vous eu l’idée de ce duo ?
F : Je crois que c’était à une jam que j’ai vu Paul jouer la première fois et j’ai beaucoup aimé sa façon d’accompagner, son son. Quand tu m’as proposé de faire cette captation j’ai voulu faire quelque chose d’original, un duo basse/contrebasse. J’ai donc vite pensé à Paul qui a répondu présent et a bien voulu relever ce défi.
P : Il me semble que nous nous sommes rencontrés à une JAM avec France, et j’avais tout de suite apprécié l’énergie qu’elle dégageait ainsi que sa manière d’aborder le jeu de la contre ! Il se trouve qu’elle m’a proposé un duo et, voyant ça comme un défi à relever, j’ai accepté !
Vous êtes tous les deux contrebassistes et bassistes, comment ça se passe dans la pratique pour jouer ensemble ?
F : En réalité j’ai un peu découvert ça en cherchant quoi faire pour cette captation. On a ensuite cherché comment se placer l’un l’autre sans se prendre la place et je trouve que ça rend plutôt bien !
P : Ahh le cœur du problème ! Le plus dur est de trouver des modes de jeu, d’accompagnement et de lead qui fonctionnent d’un point de vue fréquenciel : comme ce sont des instruments graves, il faut forcément jongler/alterner avec le jeu dans les aigus de l’instrument, ou en accords quand l’autre joue la basse. C’est très intéressant comme travail !
Vous avez choisi d’interpréter quatre morceaux, pouvez-vous nous en parler ? Pourquoi ces morceaux en particulier ?
F : Ca a été dur de choisir mais les limites de ce duo de basses ont aidé. Tout n’était pas faisable avec cette formation et c’est aussi pour ça que je me suis mise au chant et à la guitare.
« Line for Lyons » c’est un standard que j’adore, je crois un des seuls dont je ne me lasse pas. Ce thème avec ces deux voix qui s’entremêlent est super intéressant. « Jim » est un morceau magnifiquement interprété par Samara Joy que j’ai découvert assez récemment et qui m’a marqué surtout par rapport aux paroles et à l’arrangement qu’elle en a fait. « I’ve Ever Been in Love Before » c’est un morceau qui m’a marqué par sa douceur et que j’ai souvent eu envie de chanter, c’était l’occasion ! Concernant « The Ruby and the Pearl », je l’ai découvert cette année car c’est un morceau que j’ai dû travailler pour accompagner un examen. J’ai proposé à Paul de le faire au dernier moment, j’adore ce côté rumba et le mélange du son de la basse et de la contrebasse à l’archet.
P : Je pense que le choix s’est fait au vu de comment ça pouvait rendre une fois arrangé pour deux basses et chant, ou basse et contrebasse à l’archer etc. France m’a proposé ces morceaux car elle les affectionnait tout particulièrement, et je dois dire qu’ils ont chacun quelque chose d’intéressant : des contre-chants dans « Line for Lyons », un mélange de timbres peu commun pour « Ruby and the Pearl », l’esprit « ballade » de « I’ve Never Been in Love Before » qui m’a vraiment mis au défi pour jouer de beaux accords et enfin « Jim », tempo plus soutenu avec une instrumentation différente..
L’instrumentation que vous avez choisie varie pour chacun des morceaux, est-ce un choix délibéré pour tester les limites de l’ingé son ? Plus sérieusement, pourquoi ces choix d’instrumentation et comment avez-vous pensé les arrangements ?
F : Pauvre ingé son… C’est un choix pour varier un peu les accompagnements, le son, les couleurs car le duo de basses peut être un peu « redondant », il fallait que ce soit écoutable On a trouvé ça en faisant tourner les morceaux.
P : Effectivement ça n’a pas du être facile pour toi (ndlr : Rémi) mon pauvre… Et tu t’en es vachement bien tiré ! Je dois dire que ça s’est fait assez naturellement, en fonction de l’esthétique du morceau et de notre envie de varier un peu afin de donner du contraste et d’exploiter le potentiel de chacun ! France est multi-instrumentiste, j’en ai abondamment profité pour lui proposer plein de solutions et d’arrangements plus farfelus les uns que les autres :’)
Le mot de la fin ?
F : Merci à vous deux pour l’accueil et cette super proposition. Merci à Paul de m’avoir suivie sur cette idée un peu osée peut-être
P : Un grand merci pour votre accueil et votre patience, c’ est vrai que ça faisait quand même beaucoup de basses d’un coup, vous avez tenu bon, bravo !! Merci à France de m’avoir proposé ce duo, c’était très intéressant et ça me pousse à aller plus loin dans la recherche de mon instrument.
Des bises !