Dans la quiétude d’une après-midi dominicale, la guitare de Carl Karoyan essème ses notes aériennes, tissant patiemment un cocon autour de la voix douce et ensorcelante de LIZE.
Bonjour Elisa et Carl, bienvenue à l’Oustalet ! Et si on parlait un peu de votre parcours ?
Bonjour ! D’abord merci à vous deux de nous avoir accueillis au cœur de votre QG ! (Merci aussi au chat d’avoir supervisé les opérations)
L : Pour ma part je n’ai pas vraiment un parcours académique dans les clous. J’ai eu la chance d’avoir un grand-père violoniste qui m’a appris le violon dès mes 7 ans, donc j’ai fait du classique jusqu’à mes 13 ans pour apprendre les bases, et ensuite j’ai joué avec lui en concert de ma petite adolescence jusqu’à 18 ans, où là je me suis émancipée. Je me suis alors embarquée dans une compagnie de cirque/théâtre itinérante avec tout le train de vie qui va avec. Au sein de cette équipe j’ai été musicienne et comédienne pendant 5 ans, et à côté j’ai joué dans le milieu de la musique néo-folk (encore maintenant) et de la chanson française, toujours avec des compositions. Récemment je me suis installée à Marseille pour monter enfin un projet qui mûrissait dans mon cœur depuis un certain nombre d’années, à savoir chanter mes chansons et exprimer mon univers musical !
C : Personnellement j’ai commencé la musique vers 10 ans animé par la curiosité de savoir comment faire sortir des sons des touches noires et blanches d’un piano puis des cordes d’une guitare ! Pour moi cette transformation du geste en son est toujours incroyablement fascinante. Quelques années plus tard d’autres éléments viennent toucher ma curiosité dont le vaste univers du Jazz, et je décide d’étudier au département Jazz du Conservatoire Pierre Barbizet de Marseille. J’y ai obtenu mon DEM en 2019 à 21 ans et je continue depuis d’apprendre, travailler et expérimenter aux côtés d’autres musiciens de la région dans le jazz et les musiques actuelles.
Comment vos chemins musicaux se sont-ils croisés ?
L : Je cherchais un guitariste sur Marseille, et c’est tout simplement en passant une annonce sur les réseaux que nos chemins se sont croisés. J’avais fait quelques essais avec d’autres guitaristes, et j’ai finalement eu un coup de cœur pour Carl. Il a je crois une écoute et un jeu subtils, et il a su très rapidement cerner ce que je désirais entendre sur les compositions, tout en apportant des touches et des couleurs auxquelles je n’aurais pas pensé !
Comment vos chemins musicaux se sont-ils croisés ?
L : Je cherchais un guitariste sur Marseille, et c’est tout simplement en passant une annonce sur les réseaux que nos chemins se sont croisés. J’avais fait quelques essais avec d’autres guitaristes, et j’ai finalement eu un coup de cœur pour Carl. Il a je crois une écoute et un jeu subtils, et il a su très rapidement cerner ce que je désirais entendre sur les compositions, tout en apportant des touches et des couleurs auxquelles je n’aurais pas pensé !
Pourriez-vous nous parler un peu des chansons que vous nous jouez : de quoi ça parle ? Qui écrit ? Qui arrange ?
L : Les trois chansons traitent de trois sujets différents. Quand je compose, j’écris au gré des sujets qui me touchent le cœur, au gré de mes expériences ou de mes sentiments…
La première chanson, “Bientôt”, est une chanson d’amour dans tout ce qu’il y a de plus simple, c’est une déclaration teintée de naïveté et d’optimisme sur l’avenir. Ce sont des mots tendres à celui ou celle que l’on aime, ou des mots que l’on voudrait entendre pour soi.
“Poisson heureux”, la deuxième, est écrite comme une balade ou une comptine. Elle parle d’une manière imagée d’une partie de nous qui ne veut pas grandir, cet enfant dans notre for intérieur qui désire que le temps s’arrête pour se préserver des épreuves à venir, qui souhaite fermer les yeux et oublier la réalité qui nous échappe ou nous effraie parfois.
Et enfin la troisième, “Callisto”, traite d’un sujet un peu plus délicat. J’y parle du mythe gréco-romain racontant l’histoire de la nymphe Callisto, cette nymphe violée par Jupiter (ou Zeus pour les grecs, celui-ci accumulant une longue liste de victimes dans ce domaine). Dans ce mythe, Callisto a été reniée et punie par son entourage pour cet acte dont elle a été victime, puis métamorphosée par Jupiter lui-même en une constellation : la Grande Ourse.
En faisant parler Callisto dans cette chanson, je voulais exprimer le schéma cruel, injuste et hypocrite du viol et de ce que cela engendre, que ce soit dans le cœur d’une victime ou dans l’entourage de celle-ci. Et je crois que j’avais un besoin de donner enfin la parole à ce personnage, de lui rendre justice car elle n’est que trop représentative de ce que de nombreuses femmes ont pu subir et subissent encore. Le fait qu’une constellation aussi connue que la Grande Ourse porte une histoire si lourde et par malheur tellement actuelle, rendait encore plus évidente l’envie d’en faire une chanson.
C : En tant qu’accompagnateur sur ce projet la question s’est vite posée de savoir comment on allait faire sonner ces chansons. J’y ai apporté ma touche personnelle en écrivant les arrangements guitare tout en prenant soin de rendre service aux chansons avant toute chose.
Qu’est-ce qui vous inspire, en particulier pour ce duo ?
L : Ce qui m’inspire c’est ce que j’aime écouter. Et comme j’écoute de nombreux styles musicaux, allant de la musique traditionnelle à la pop, le classique, la vieille et la nouvelle chanson française, au rock indé et j’en passe ! Je peux dire que tout est propice à l’inspiration… J’imagine aussi que la pratique du violon et mon parcours dans la musique néo-folk influencent ma manière d’aborder la mélodie et le texte.
C : Il y a vraiment une atmosphère particulière à revenir vers la chanson folk quand on est habitué aux styles de musiques improvisées. C’est comme un retour aux sources sonores, aux premiers disques acoustiques que j’écoutais ado. Un plaisir pour le cœur et les oreilles !
Y-aura-t ‘il un « après l’Oustalet » pour ce projet ? Des concerts en perspective ? D’autres chansons à découvrir ?
L : Oui ! Le projet est tout neuf, il ne demande qu’à être joué le plus possible ! Le prochain concert sera au théâtre de la Factory à Avignon le 7 avril à l’occasion d’un festival 100% programmation féminine, et des dates sont en cours de négociation en région PACA et en région parisienne. Ensuite certains titres encore à découvrir sont cuisinés en ce moment même en studio …
La question qu’on aime bien poser pour vous connaître musicalement encore un peu plus, mais aussi découvrir de nouvelles pépites : quels sont les trois disques que vous avez le plus écoutés récemment ?
L : Trop dure comme question !! Je fais partie de celles et ceux qui écoutent en boucle les mêmes titres pendant une certaine période… Donc si je peux vous en donner trois du moment : “Oiseau” de Bertrand Belin qui m’émeut encore plus à chaque fois, “Demon” de Moonchild Sanelly et Sad Night Dynamite, et “Humoresque” de Dvořák joué par Heifetz… Selon les humeurs !
C : Le choix est dur ! J’ai beaucoup écouté “Forever Forever” de Genevieve Artadi qui vient de sortir et que j’adore déjà, elle fait partie du duo fou KNOWER avec Louis Cole, une pépite assez indescriptible, esthétique 80’s, écriture jazzistique, solos de guitare, tout ce que j’aime !
En tant que guitariste de jazz je n’ai évidemment pas pu passer à côté du chef d’œuvre “Standards From Film” de Mike Moreno l’année dernière. J’ai toujours apprécié les arrangements de Moreno et combiné à des all time classics du great american songbook le résultat est juste extra. Comme une réécriture de ces mélodies intemporelles.
Un petit plaisir coupable pour finir, “Out of My Head” de George Crater (pseudo de Ed Sherman). Ce n’est pas un musicien mais un humoriste de jazz ! C’est pourtant bel et bien un album, une collection d’essais humoristiques autour de l’industrie du jazz paru dans le Downbeat Magazine dans les 50’s. C’est vraiment un humour de niche mais je ne m’en lasse pas aha !