Episode 18 – Manon Opavska-Breysse & Tony Coullet

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Bonjour Tony et Manon, bienvenue à l’Oustalet ! Et si vous nous parliez un peu de votre parcours de vie et musical ? 

Tony : J’ai grandi à Marseille où j’ai commencé la guitare puis la mandoline au Conservatoire. C’est mon grand-père qui m’a donné ma première mandoline car il en jouait en tant qu’amateur. À 18 ans je suis parti étudier la mandoline au Conservatoire Royal de Liège auprès de Vincent Beer-Demander. En 2022 j’ai été diplômé d’un master pédagogique et en 2023 d’un master spécialisé en mandoline. Je suis désormais de retour à Marseille où je continue de travailler au sein de différents projets comme le duo Lyra, le Cuarteto del Sur ou encore avec le rappeur Dooz Kawa.

Manon : Je viens de Champigny-sur-Marne à côté de Paris, j’ai commencé la harpe à 8 ans par hasard, les classes de piano étant pleines. Après un parcours de harpe classique à travers divers conservatoires comme le CRR de St-Maur-des-Fossés puis le Conservatoire Royal de Liège, j’ai obtenu un master pédagogique et un master plus spécialisé sur les musiques du monde à la harpe. J’apprécie autant jouer dans les orchestres symphoniques, qu’ouvrir la harpe vers les musiques plus actuelles comme nous le faisons avec le duo Lyra. En parallèle, j’aime transmettre ma passion de la harpe aux petits et grands.

Comment est né le duo Lyra ? Pourquoi ce nom ?

Le duo Lyra est né quelque temps après que l’on se soit rencontré, à Liège pendant nos études. Nous avons vite pris goût à jouer ensemble et une forte connexion musicale s’est rapidement créée entre nous. À vrai dire, quand on a dû choisir un nom nous ne savions pas vraiment quoi prendre. On s’est appelé Lyra car c’est le nom d’une pièce écrite pour harpe, guitare et mandoline par Vincent Beer-Demander que nous étions en train de travailler à l’époque. Vincent venait de l’arranger spécialement pour notre duo et nous l’aimons beaucoup, elle dégage une atmosphère très apaisante. Aussi, Lyra fait directement référence à la harpe, mais aussi indirectement aux cordes pincées, la famille de nos instruments respectifs.

La harpe classique et la mandoline sont des instruments qu’on a assez peu l’habitude d’entendre, surtout dans le contexte d’un duo. Qu’est-ce qui vous plaît dans l’association atypique de ces instruments ?

L’idée de mélanger deux instruments à cordes pincées nous plaît car « qui se ressemble s’assemble » et c’est le cas ici car si on se penche sur les caractéristiques acoustiques de nos instruments, la harpe est un instrument à l’ambitus énorme (équivalent au piano) mais dont le timbre reste plutôt rond, même dans les aigus. La mandoline, quant à elle, a le même ambitus que le violon. Elle vient compléter le spectre acoustique avec des fréquences plus aigues, un son plus cristallin, ce qui fait qu’on ne se marche jamais dessus ! La harpe est l’instrument idéal pour faire entendre de beaux arpèges qui vous envoûtent, des accords très riches aux harmonies complexes, tandis que la mandoline peut facilement faire ressortir une mélodie en l’habillant d’un tremolo de velours, ou au contraire attaquer de manière très sèche un contrechant ou un accompagnement rythmique.

Vous nous jouez aujourd’hui deux arrangements : « Spain » de Chick Corea et « Libertango » d’Astor Piazzolla. Quel a été le processus d’arrangement ? Avez-vous eu des défis particuliers à relever pour réussir à interpréter ces morceaux sur vos instruments respectifs ?

Pour Spain nous n’avons pas écrit d’arrangement, nous avons fait ensemble notre propre arrangement en nous basant sur la lead sheet et sur l’écoute de différentes versions de Spain. 

Pour Libertango, c’est Tony qui a écrit l’arrangement en essayant de mettre en valeur chaque aspect de la harpe et de la mandoline. 

Nous n’avons pas eu de défis particuliers à relever directement en lien avec nos instruments, mis à part peut-être un peu de technique. En revanche le morceau Spain a été pour nous un sacré défi sur le plan musical. En effet, de culture classique, nous nous intéressons depuis peu au jazz et nous avons donc dû nous familiariser avec cette musique très vaste, qui demande une grande connaissance de la musique et du rythme ! Nous devons réapprendre à penser et à interpréter la musique, d’une manière différente de ce qu’on nous a appris jusque-là, et cela représente un défi de taille mais très excitant pour nous ! 

Tony, tu joues avec des mandolines différentes sur chaque arrangement : une petite explication ?

C’est simplement que je viens d’acquérir une toute nouvelle mandoline brésilienne 10 cordes (une paire de cordes graves en plus) et que j’avais trop envie de jouer un morceau dessus ! Et puis les cordes sont en bronze, avec un filet rond, ce qui donne un son différent de mon autre mandoline qui, elle, a des cordes à filet plat en acier. 

On sent dans ces arrangements comme une volonté de sortir du contexte de la musique classique ou traditionnelle auquel sont souvent associés vos instruments respectifs, pour vous rapprocher des musiques actuelles et improvisées. Est-ce un aspect que vous avez envie de développer davantage à travers ce duo ? 

Oui nous avons cette volonté de nous émanciper du classique car cela correspond plus à la musique que nous aimons jouer. C’est l’occasion de faire découvrir nos instruments sous un autre jour que nous trouvons intéressant et pertinent dans l’époque actuelle. Nous avons à cœur de faire découvrir nos instruments peu communs aux oreilles du plus grand nombre à travers une musique plus actuelle qui va marquer les esprits et toucher plus de personnes qu’un concerto classique. Nous avons besoin de montrer que nos instruments sont des instruments vivants qui ont certes un passé, mais aussi un présent et surtout un futur, et que nous ne sommes pas condamnés à jouer de la musique romantique devant un public vieillissant, même si nous prenons plaisir à le faire ! Ce n’est pas la vision que nous avons de la musique et de nos instruments . La musique classique mais aussi la musique acoustique en général est de moins en moins écoutée et laisse place à la musique de synthétiseurs, ce n’est pas nouveau et ce n’est pas une mauvaise chose selon nous, au contraire ! Nous aimerions voir plus de projets mêlant musique acoustique et musique électronique en live ! 

Des projets à venir pour le duo Lyra ? (concerts, enregistrements, scoop…)

Nous préparons tranquillement notre tournée d’été en déclinant notre duo en deux formules : une classique avec un répertoire autour des musiques d’Astor Piazzolla, et une plus populaire avec des reprises de chansons françaises, de pop, du jazz, de la musique du monde …

Côté enregistrement, nous comptons enregistrer notre répertoire 100% Piazzolla d’ici le début de l’été, et nous aimerions commencer à produire et enregistrer des sons mêlant musique électronique avec harpe et mandoline en s’inspirant de différentes musiques du monde (Amérique latine, Afrique de l’ouest, Maghreb…) 

La petite question rituelle pour vous connaître encore un peu plus et nous faire patienter jusqu’au prochain épisode : quels sont les trois albums que vous avez écoutés le plus récemment ?

M :

  • Harp Summit de Park Stickney 
  • Afro-Harping de Dorothy Ashby 
  • My Spanish Heart de Chick Corea

T :

  • Chabem du trio Chanot Dominguez, Rubem Dantas et Hamilton de Hollanda
  • Armonias Colombianas de Palo Cruza’o
  • Hawa de Zar electrik 

Merci d’être passés à l’Oustalet, à bientôt sur scène !

Merci à vous deux pour l’invitation, c’était un plaisir de découvrir votre studio, à bientôt ! 

Duo Lyra

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