Pour ce quatrième épisode, la voix puissante et mélancolique de Neda Cainero se mêle au lyrisme du violoncelle d’Aurélien Nowak. Nos invités, qui forment le duo Cantatecello, nous interprètent deux chansons d’amour italiennes, entre ruelles napolitaines et montagnes sardes.
Bonjour Neda et Aurélien, pourriez-vous vous présenter un petit peu ?
Neda : Je suis née dans la partie italienne de la Suisse, d’une mère clown, et d’un père conteur avec qui j’ai commencé à chanter depuis toute petite pour le plaisir, mais aussi sur scène. De mes 13 à 18 ans, j’ai pris des cours de chants avec la Maestra Anna Bakja au sein de l’école de musique moderne de Lugano. Ensuite je suis partie étudier l’ethnobiologie, mais à côté et pendant les études, j’ai toujours continué à chanter avec différents groupes et projets artistiques qui m’ont fait voyager dans le monde. En 2014, j’ai obtenu un haut diplôme de Musique à la College University de Cork en Irlande et je suis finalement arrivée à Marseille en 2015. Ici je me suis formée durant encore deux ans à l’IMFP de Salon de Provence. Actuellement, je travaille dans plusieurs formations musicales et spectacles de théâtre en salle et dans la rue !
Aurélien : J’ai commencé le violoncelle à l’âge de 6 ans au Conservatoire de Marseille en musique classique. Toute ma famille joue d’un instrument de musique, c’était alors assez normal pour moi d’en choisir un lorsque j’ai eu le bon âge (je suis le dernier d’une fratrie). Mon grand-père violoniste m’a particulièrement soutenu et je n’oublierai jamais que c’est en très grande partie grâce à lui que j’en suis là. J’ai découvert qu’on pouvait jouer autre chose que du classique au lycée, en jouant dans un groupe de reggae avec un violoncelle électrique. Je suis parti ensuite à l’IMFP pour découvrir le jazz et les musiques improvisées. En parallèle, j’ai donné des cours de musique et continué à étudier la musique classique. Cette école est celle où j’ai rencontré la majorité des gens avec qui je joue actuellement, dans différentes formations qui vont de la chanson au rock en passant par les musiques du monde et bien d’autres choses encore.
Comment vos chemins musicaux se sont-ils croisés ? Comment avez-vous eu l’idée de ce duo ?
N : Avec Aurélien, nous nous sommes justement rencontrés pendant les études à l’IMFP et on a commencé à jouer ensemble dans une autre formation : Da Goum Projekt. En étant voisins pendant plusieurs années, on se retrouvait souvent pour boire le café, écouter, échanger des musiques et jouer… J’ai un grand répertoire de chansons d’amour que j’ai rarement l’occasion de chanter, car c’est un répertoire peut-être un peu moins festif et dansant mais que j’adore tout autant. J’ai la chance qu’Aurélien aime aussi. Alors on s’est dit, pourquoi ne pas essayer de faire quelque chose ensemble !
A : La concrétisation a finalement été trouvée lorsque qu’on m’a appelé pour un concert en duo. L’occasion faisant le larron, j’ai proposé à Neda et un mois après nous voici ici pour enregistrer !
Pourriez-vous nous décrire les deux morceaux que vous avez choisi d’interpréter ?
« Dicitencello vuje » est une chanson napolitaine de 1930 écrite par Rodolfo Flavo (musique) et Enzo Fusco (paroles) mais que j’ai connue par la version de Roberto Murolo, maestro de la canzone napoletana. Il s’agit d’une déclaration d’amour, mais celui qui chante est trop timide pour lui dire directement et s’invente alors d’être amoureux de l’amie et demande à la fille de transmettre le message. Finalement en se rendant compte que la fille est aussi amoureuse de lui, il laisse tomber le masque et prend son courage à deux mains.
« No potho reposare » est une chanson sarde. À la base, il s’agit d’une poésie de 1915 de Salvatore Sini, mise en musique en 1920 par Giuseppe Rachel et qui est devenue une part de la culture et de la tradition sarde.
C’est une très belle chanson d’amour dont j’aime beaucoup le passage qui dit: « Si il m’était possible, je prendrais la forme d’un esprit invisible et je m’emparerais du ciel, du soleil et des étoiles pour te construire un monde merveilleux où je pourrais t’offrir tout le bien ».
Pourquoi ces morceaux en particulier ?
N : Parce qu’on les trouve très beaux!
A : J’avais une tendresse particulière pour « Dicitencello », car il y a une version magnifique de Piers Faccini et Vincent Segal. Sans comprendre le texte, (ne parlant pas le dialecte napolitain), ce morceau touche et fait du bien, peu importe qui vous êtes. Personne ne reste indifférent en l’entendant.
Quelle a été votre démarche pour arranger ces morceaux pour voix, guitare et violoncelle ?
N : Tout s’est passé de manière assez spontanée et fluide. Ce sont des chansons douces qui n’ont pas besoin de beaucoup d’artifices car elles parlent tout simplement. On a essayé quand même de mélanger le plus possible la voix et le violoncelle, car ce sont des chansons qui se prêtent à ce genre d’arrangement.
A : Je n’ai pas voulu trop « réfléchir » pour les arrangements, j’ai surtout demandé à Neda qu’on les joue plusieurs fois d’affilée et au fur-à-mesure les choses se sont fixées naturellement.
Le mot de la fin ?
Aurélien : Vive la voix, le violoncelle, la guitare et les chansons d’amours ! Merci d’avoir rendu possible le fait de graver ce moment là. Bravo à vous deux, vous êtes au top !
Neda : Un grand merci à vous pour ce beau travail ! On a passé un très chouette moment dans votre belle maison ! Qualité de travail et de coeur ! Merci !
